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BACHAR EL ASSAD ENFERME DANS SON DIKTAT (2) : APRES LES REPRESSIONS SANGLANTES, LES ARRESTATIONS D’OPPOSANTS

20 Avr

Source : lepoint.fr vial’Agence Reuters en ligne le 20 avril 2011

La Syrie arrête un opposant après la levée de l’état d’urgence

Les autorités syriennes ont procédé à l’arrestation d’un important dirigeant de l’opposition dans la nuit de mardi à mercredi, laissant craindre que la levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 1963 ne s’accompagne pas de la fin de la répression. Le gouvernement syrien a adopté mardi un projet de loi abrogeant les mesures d’exception appliquées depuis 48 ans, signe d’une concession du président Bachar al Assad face à la contestation publique. Selon des associations de défense des droits de l’homme, les violences liées aux manifestations antigouvernementales ont fait plus de 200 morts. Cette suppression de l’état d’urgence est toutefois assortie d’une mesure restrictive obligeant l’obtention d’une autorisation gouvernementale pour organiser des manifestations. Malgré ce geste d’apaisement, des rassemblements d’opposants se sont tenus dans différentes régions de la Syrie au cours de la nuit. Le militant des droits de l’homme, Ouissam Tarif, a indiqué qu’une manifestation s’est tenue à Zabadani, un faubourg de Damas, mardi. Une vidéo diffusée sur YouTube montre des opposants chantant « le peuple veut renverser le régime » et se référant aux révolutions en Tunisie et en Egypte. Figure de l’opposition syrienne, Mahmoud Issa a été interpellé à son domicile à Homs aux alentours de minuit par des membres de la police politique. Au moins 20 personnes participant à des manifestations en faveur de la démocratie ont été abattues par les forces de sécurité dans cette localité au cours des deux derniers jours, précisent des militants des droits de l’homme.

PRIVER L’OPPOSITION D’UN POINT D’ANCRAGE
« Issa est un ancien prisonnier politique connu. L’arrêter quelques heures après avoir annoncé la levée de l’état d’urgence est répréhensible », a dit Rami Adelrahman, responsable de l’observatoire syrien pour les droits de l’homme, s’exprimant en Grande-Bretagne. « La levée de l’état d’urgence était attendue depuis longtemps, mais il y a tout un tas d’autres lois qui devraient être abrogées, telles que celles garantissant l’immunité aux forces de sécurité ou autorisant les tribunaux militaires à juger des civils », a-t-il dit. Plusieurs personnalités connues à Homs, ville réputée pour être un creuset intellectuel et artistique, ont signé une pétition appelant l’armée « à ne pas verser le sang des honorables Syriens ». Le ministère de l’Intérieur avait estimé lundi soir que les troubles qui agitent la Syrie sont orchestrés par « des groupes armés appartenant à des organisations salafistes ».

Le salafisme est une forme rigoriste de l’islam sunnite. Pour les spécialistes, les autorités syriennes tentent d’empêcher l’opposition de trouver un point à partir duquel elle pourra focaliser la contestation comme cela avait été le cas pour la place Tahrir en Egypte. Les forces de sécurité ont dispersé un rassemblement à Homs au cours du week-end tuant 17 personnes, selon des militants. « Les concessions faites par le gouvernement ont été obtenues à un coût très élevé en vies humaines », a commenté Malcolm Smart, directeur d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. « La nouvelle législation pourrait se révéler aussi restrictive que l’état d’urgence qu’elle a remplacé », a jugé Mark Toner, porte-parole du département d’Etat américain, commentant l’obligation d’une autorisation pour organiser des manifestations.

Pierre Sérisier
pour le service français